LE BREXIT : issue logique pour un cul de sac – Partie 2 : les années 60

“si nous ne pouvons pas les battre, rejoignons-les”

En 1961 donc, Mac Milan, Premier ministre anglais, s’engage dans une longue et difficile négociation avec De Gaulle pour résoudre les problèmes liés à l’ adhésion britannique au Marché Commun : En particulier, les problèmes agricoles entre la CEE et le Commonwealth. Les prix agricoles des produits des anciennes colonies anglaises sont en effet moins élevés pour les Anglais que ceux pratiqués au sein de l’Europe des 6, à ce moment-là. Ces négociations dureront 18 mois, avec deux entrevues entre l’Anglais et le Français qui se connaissent bien et conviennent que chaque pays a sa culture et ses traditions nationales, et que tout cela favorise le rapprochement des nations avec leurs spécificités propres. Mais dans la réunion suivante des deux hommes à Rambouillet, cette convivialité n’est plus de mise. De Gaulle considère en effet que l’entrée de l’Angleterre est très prématurée. Alain Peyrefitte raconte avec humour que, de Gaulle ayant décidé de ne rien céder à l’Angleterre, Mac Milan avait une mine tellement désabusée qu’il avait envie de lui mettre la main sur l’épaule et de lui chanter :” Ne pleurez pas Milord”.

Voici un extrait de la conférence de presse de De Gaulle le 14 janvier 1963 :

La Grande Bretagne a posé sa candidature au marché commun. Elle l’a fait après s’être naguère refusé de participer à la communauté que nous étions en train de bâtir, et ensuite après avoir créé avec six autres états une zone de libre échange, et enfin, je peux bien le dire, on se rappelle les négociations si longuement menées, après avoir fait quelques pressions sur les Six pour empêcher que ne commence réellement le marché commun. Enfin, l’Angleterre a demandé à son tour à y rentrer mais à ses propres conditions. Cela pose à chacun des 6 états et cela pose à l’Angleterre des problèmes d’une très grande dimension. L’Angleterre, elle, est insulaire, elle est maritime, elle est liée par ses échanges, ses marchés, son ravitaillement, aux pays les plus divers et souvent les plus lointains. Elle exerce une activité essentiellement industrielle et commerciale et très peu agricole. Elle a dans tout son travail des habitudes et des traditions très marquées, très originales. La nature, la structure, la conjoncture qui sont propres à l’Angleterre diffèrent profondément de celles des continentaux.
Alors, il est possible qu’un jour l’Angleterre parvienne à se transformer elle-même suffisamment pour faire partie de la communauté européenne sans restriction, sans réserve et de préférence à quoi que ce soit. Et dans ce cas-là, les Six lui ouvriraient la porte et la France n’y ferait pas d’obstacle, bien qu’évidemment, la simple participation de l’Angleterre à la communauté changerait considérablement sa nature et son volume. Il est possible aussi que l’Angleterre n’y soit pas encore disposée, et c’est bien là ce qui parait résulter des longues, si longues, si longues, conversations de Bruxelles.

De Gaulle décide de rompre définitivement les négociations, Couve de Murville lui suggère de les continuer, car certains de nos partenaires des Six s’irritent de la position française. Toutefois, reconnait le ministre des Affaires Étrangères, elles n’auraient pas abouti.
Le traité de l’Elysée, signé par de Gaulle et le chancelier Adenauer, fera de l’axe franco-allemand le véritable fer de lance de l’Europe.
En 1967, Harold Wilson, Premier ministre travailliste veut reprendre les négociations. De Gaulle ferme brutalement la porte, prétextant du mauvais état de la situation économique anglaise, de la dévaluation de la livre sterling, au grand dépit des Anglais.
En 1969, de Gaulle parti, les affaires anglaises reprennent. Son successeur Pompidou reprend le dossier, très favorable qu’il est à l’entrée de la Grande Bretagne. Il a connu le nouveau Premier ministre Edouard Heath, comme négociateur et le dossier avancera, non sans difficultés, mais rapidement. En 1971, l’Angleterre rentre dans la CEE avec l’Irlande et le Danemark.

Suite et fin dimanche prochain.

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