Il était une fois dans l’est : A Saint Valbert

Les Graffe de Saint Valbert,  Sarah, Manu et les filles, ont eu la gentillesse de m’envoyer deux photos dont je m’empresse de vous faire partager la nostalgie.

Nous sommes donc à Saint Valbert, au bistrot tenu par le Dédé Vermot  et sa mère. Popaul et ses copains, outre le verre de l’amitié, prennent la pose du même nom.

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On découvre donc de gauche à droite, Huguenard, un autre Huguenard, Roussel, Paul et Triboulet sous le regard fermé de la propriétaire. Dédé Vermot prend la photo.

Nous sommes au début des années 60 du siècle dernier. Bien que l’époque soit aux “blousons noirs”, ces jeunes sont vêtus ce jour- là de manière plus conventionnelle, à l’exception de Huguenard : tenue prémonitoire? Il  fera un long séjour en prison. Triboulet ,lui, décèdera prématurément à 26 ans.

C’est l’hiver, ils boivent du bouillon Kub.

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Sur cette seconde photo, on retrouve les mêmes, mais encadrés à gauche par le Dédé, et à droite par la taulière sinistre.  Le Huguenard au blouson noir est le photographe.

Le baby-foot n’apparait pas sur ces photos, mais il est l’un des  prétextes à la venue des jeunes dans le bistrot, et il rythme les tournées à boire en fonction des vainqueurs. Les Vermot ont le sens du commerce. Le tapis du baby foot et les balles sont cirés méticuleusement ;  bien sûr par soucis de propreté, mais surtout parce que cela fait glisser les balles et  donc accélère le jeu et diminue ainsi la durée des parties, qui, du coup, se renouvellent plus fréquemment.

La mère Vermot est veuve d’un ancien capitaine engagé dans la résistance.  C’est  une femme austère, sévère, qui s’exprime rarement, sauf pour énoncer l’addition. Le Dédé,  lui, aime bien les jeunes avec lesquels il a plaisir à plaisanter d’un ton bourru. Il est célibataire. Il avait souhaité épouser Lucie Canneva des Tuileries de Saint Valbert. Sa mère  s’était opposée au mariage avec cette fille insuffisamment dotée.

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Son copain, Pierrot “la Légion”,  n’apparait pas sur les photos.  Cet ancien légionnaire est logé dans la maison. On le voit souvent assis à même  le sol, au pied d’un mur. Il aime à discuter avec les jeunes qui prennent parfois place à son côté. Un philosophe…

J’aimais à fréquenter l’établissement avec Popaul ou mon cousin Henri. Nous étions plutôt diabolo menthe au début, la bière venant avec l’âge. Quelquefois, l’hiver, on se réchauffait au guignolet kirsch.

Parfois, on voyait passer nos oncles de Chagey, venus à mobylette  en visite chez Bobette et Gustave. Bien qu’ ayant trinqué au rouge des Coop aux Cités du couvent, ils se faisaient servir un petit complément “pour la route” chez Vermot. Un peu gênés de nous trouver là, ils nous offraient un verre. Bienveillants, nous ne pouvions refuser l’invitation…

Andre Petey

En 1965 ou 1966, le 13 juillet au soir, nous déambulions Henri et moi dans Saint Valbert en allumant quelques pétards jetés au hasard. Je me souviens d’une grosse pleine lune éclairant le paysage  à la façon “nuit américaine” au cinéma. Un astrologue compétent  avait annoncé à la radio que cette nuit-là serait celle de la fin du monde, alors on épuisait nos stocks de pétards pour ne pas gâcher.

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Revenus devant chez Vermot, les jeunes rigolaient d’une belle bataille de pétards lancés dans les jambes et,  sous le lavoir, dans des boites de conserve  placées dans l’eau, ce qui était du plus bel effet sonore et visuel.

Pour ne pas être en reste, et pour épater la jeunesse, Dédé Vermot avait  pris son pistolet et tirait des coups en l’air, sans viser une étoile plus qu’une autre, au hasard. La détonation  était impressionnante et ravissait une population abasourdie.

A défaut d’étoile, les tirs du Dédé coupèrent les fils électriques qui jouxtaient le bistrot. C’est donc à la lueur des lampes de poche que Dédé et la jeunesse environnante tentèrent de ramasser les douilles avant  l’arrivée des gendarmes. L’explication officielle, malgré tout difficile à croire, était un tir à l’arme de chasse…Mais l’urgence était de supprimer tout indice quant à la détention interdite d’armes de guerre. Car on peut supposer que le P08 n’était qu’une partie de l’arsenal récupéré à la libération…

louis Fleury

Ce n’est pas notre oncle Louis, à Chagey, qui nous aurait démenti. Il dissimulait sous la paille dans son grenier une MG 34 (mitrailleuse allemande sur trépied). Toutefois, il n’usait publiquement que de son MAS 36, le fusil réglementaire de l’armée française, pour tirer les mariages…

 

 

Allez, une tournée générale en mémoire de nos anciens !

2 réflexions sur “Il était une fois dans l’est : A Saint Valbert

  1. je ne sais pas si je peux me permettre de compléter l’information sur le non mariage du fils Vermot et de Lucie Caneva (amie fidèle de notre mémère Netty).Lucie ne s’est jamais mariée .Elle doit avoir 90 ans passée et est reconnaissable en un coup d’ œil dans les rues d’Héricourt ,elle devait être très jolie ,elle est encore aujourd’hui très coquète et toujours très souriante.Peut être pas assez dotée pour madame Vermot mais une très belle personne bien appréciée et qui fait encore partie de la chorale de l’église St Christophe d’Héricourt .je vais tacher de retrouver une photo de notre chère Lucie.
    merci pour ces anecdotes que j’utiliserai mes ciseaux à la main ;je suis le seul commerce qui survit à St Valbert …à défaut de bière j’offre le café …vous êtes bienvenue et promis je réclame pas l’addition .bisous à tous Sarah Manu et les filles

  2. Jolis souvenirs. On s’y croirait. Le bistrot restera toujours un lieu convivial, pourvu que l’on n’y retrouve pas que des poivrots avinés et accoudés au comptoir… Mais quid de ces bistrots de province ? A Paris, les bars sont pollués de terrasse envahies par une jeunesse bourgeoise. Pas un mètre carré de disponible. Alors on aime à se trouver des lieux un peu moins fréquentés, à l’ombre, où l’on peut boire sa bière et éventuellement manger tranquille, discuter avec le patron ou les serveurs, sympas, qui ne sont pas à courir de table en table. Plus très facile de trouver ces endroits là, et avec des prix raisonnables.

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