Le Tréport : les travaux de forage du parc éolien ont commencé

Cela fait plusieurs années déjà que nous entendons parler de ce projet de parc éolien au large du Tréport. Nous nous sommes établis au Tréport en 2014, alors que le projet était déjà lancé, mais déjà il faisait polémique auprès des habitants et des pêcheurs, dont le travail et les ressources seraient menacées.

Mais c’est cet été, lors de notre visite de fin juillet, que nous avons remarqué un objet flottant au loin, et il avait l’air assez énorme, quoique nous n’arrivions pas clairement à le distinguer. Il s’agit apparemment de la plateforme “Excalibur”, censée procéder au forage marin permettant la pose des éoliennes du projet “Eoliennes en mer – Dieppe Le Tréport”.

Eoliennes excalibur (photo)

La plateforme excalibur

De quoi s’agit-il ? D’un projet lancé officiellement par l’état en 2014, et qui doit aboutir en 2021 à une exploitation pour une durée de 25 ans éventuellement renouvelable. Il consiste à créer un parc de 62 éoliennes en mer, afin de produire de l’électricité pour environ 800 000 personnes. Le parc éolien sera placé à 17 km de Dieppe, 15,5 km du Tréport et 35 km de Saint-Valéry-sur-Somme. Il est annoncé comme créateur d’emplois puisque la fabrication des éoliennes serait effectuée en Normandie par des nouvelles usines qui devraient embaucher environ 750 personnes, donc 125 postes seulement seraient conservés à Dieppe et au Tréport une fois l’étape de la construction terminée. Le projet est porté par la société “Eoliennes en mer – Dieppe Le Tréport” (EMDT), un consortium incluant 3 actionnaires :  Engie, EDP (société des énergies portugaises) et le groupe Caisse des dépôts (l’Etat). Les éoliennes seront fabriquées par Siemens Gamesa.

Depuis sa naissance, ce parc fait polémique auprès des habitants et notamment des pêcheurs qui dénoncent fortement le projet, le qualifiant d’escroquerie écologique, craignant que ce projet ne nuise à l’activité de pêche déjà en difficulté (la zone ciblée est considérée comme une zone riche en poissons) et au tourisme, en représentant une nuisance visuelle. Suite à plusieurs manifestations et oppositions locales, l’état et la région Normandie ont organisé des réunions publiques pour expliquer le projet. Une consultation publique a eu également lieu pour recueillir l’avis des “locaux”, plutôt défavorables. Suite à la consultation, une modification de projet est annoncée en 2017, avec laquelle n’est pas résolu le risque pour le goéland argenté, espèce typique du secteur et protégée en France.

Le 20 octobre 2017, un avis défavorable au projet est donné par le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale. Même si l’avis n’est que consultatif, la décision finale revenant à l’AFB (Agence Française pour la Biodiversité, rattachée au Ministère de l’Environnement, et créée récemment), les opposants avaient de bonnes raisons de penser que cela enterrerait le projet, car l’AFB avait déclaré vouloir suivre l’avis du parc naturel.

Coup de théâtre, le 20 février 2018, un avis, cette fois, favorable, est rendu par l’AFB, accompagné de réserves, et il semble bien relancer le projet. Les consultations sont néanmoins toujours en cours auprès de la population et des élus locaux. Quelle ne fut donc pas notre surprise de constater que les travaux de forage étaient apparemment déjà en cours.

Tréport_plateforme_Excalibur(photo)

Qu’en penser ? Évidemment, l’écologie et l’électricité verte sont l’affaire de tous, mais comment la produire, sans détruire ou réduire la production de pêche déjà existante et fragile, sans nuire aux paysages et au tourisme, au charme de ces lieux de bord de mer et de villégiature, et bien sûr à l’écosystème ?

En outre, pourquoi ces parcs sont-ils proposés dans des endroits sinistrés économiquement où l’activité touristique est déjà menacée ? Ne peut-on se poser la question de savoir pourquoi il n’y a pas de projets en face de Deauville ou du Crotoy ? Il y a, sans doute, ceux qui ont le pouvoir de dire non et ceux qui n’ont que les moyens de subir ces décisions…

Si vous vous demandez ce que va donner une vision depuis Le Tréport, une fois le parc éolien installé, c’est simple : une simulation est fournie par le site du projet lui-même. Ça change quelque peu la vue que nous attendons à trouver lorsqu’on se rend au bord de la mer, non ? Demain, l’horizon ne sera peut-être plus l’horizon…

Parc_éolien_Tréport_simulation(photo=

Simulation de vue depuis le Tréport (jetée). Cliquer pour agrandir.

Voir aussi : Projet de parc éolien en mer Dieppe / Le Tréport : l’Autorité environnementale pointe des manques dans les études d’impact.

Cet article a également été publié sur mon blog Gosseyn.net.

4 réflexions sur “Le Tréport : les travaux de forage du parc éolien ont commencé

  1. Nous avons à Sombernon, ou plutôt autour quelques champs éoliens qui fonctionnent depuis que nous nous sommes installé en Bourgogne du Haut il y a maintenant 23 ans.Nous habitions à l’époque ,certains s’en rappelle peut-être, sous les lignes de transport très haute tension et le effets de celle-ci étaient réellement perturbant surtout pour les enfants et générateur de stress les soirs d’orage.
    L’arrivée des éoliennes à vu naître un mouvement de contestation local qui comme ailleurs n’a pas eu plus de poids que sur d’autres sites, les politiques de l’époque ayant baissé les bras face au lobbying.
    Depuis, il n’y a plus de problème, elles se sont intégrées au paysage (quoique !!!) mais surtout rapporte une manne aux propriétaires terrien du coin ainsi ainsi qu’une ressource non négligeable pour les communes concernées aux même titre que les pylônes haute tension bien plus polluant.
    Des amis qui habitent à proximité n’ont pas été gênés très longtemps, ou plutôt se sont-ils habitué au bruit comme on s’habitue au passage des trains ou du métro.
    Dans le coin de nombreuses lignes ont été enterrés et on dégagé le paysage sans que personne ne le relève…
    Alors oui les éoliennes génèrent des troubles, oui elles perturbent le paysage, mais a-t-on vraiment les moyens de faire autrement ?

  2. En ce qui concerne Deauville, le fait qu’elle se situe dans l’estuaire de la Seine en face du port du Havre et du terminal pétrolier de Gonfreville l’Archer explique peut être cela.
    Faire naviguer des super tankers et des porteconteneurs de 300m de long autour d’un champ d’éoliennes n’est peur être pas une si bonne idée.
    Mais bien sûr porte conteneurs et tankers ne participent pas de la transition écologique.

  3. C’est un document intéressant que tu nous proposes.
    Car en fait, c’est toujours le même problème : La transition énergétique, tout le monde est d’accord, mais pas chez soi ou près de chez soi.
    Les paysans, les pêcheurs trouvent toujours quelque chose qui ne leur convient pas, alors qu’aucune expérimentation ne prouve le contraire.
    Nous avons le même problème autour des Gagneux. Les parcs éoliens se sont multipliés dans notre champ de vue.
    Les voisins trouvent ça moche et les amis des oiseaux s’offusquent que cela tue les migrateurs et au moins ça les gêne car, les grues par exemple, tournent au dessus des Gagneux afin de se regrouper pour faire escale en contre bas dans la vallée de Vaudeurs.
    Et il y a ceux qui racontent que les terrains ont été vendu très cher au profit de quelques uns, et que les éoliennes ne produisent pas de courant car elles ne sont pas connectées….
    La vue simulée du parc éolien au large du Tréport ne me semble pas massacrer le paysage.
    Je me demande s’il n’y aurait pas la même vague d’indignation si on réinstallait les moulins à vent.

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